Lors de notre dernier workshop nous avons pris tous les deux conscience de quelque chose d’essentiel, quelque chose que nous avions un peu perdu de vue avec le temps : la spontanéité ! Pas que nous ne le soyons plus du tout, mais les images que nous produisons aujourd’hui sont assez maîtrisées, il était temps de s’en rendre compte…
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TROP DE SPONTANÉITÉ
Lorsque l’on démarre la photo on a cette fougue, ce regard neuf sur le monde, on a envie de tout tester, on n’a pas toujours l’expérience qui nous dit que la lumière sera plus belle sous un angle plutôt qu’un autre. Cet état fait que le résultat des photos est souvent assez amateur, la technique est moins maîtrisée. Mais en contre partie, on obtient bien souvent des images beaucoup plus spontanées, des photos fortes de sens avec des cadrages originaux et des détails insoupçonnés.
Jérémy : « Je me souviens lorsque j’ai démarré la photo je voulais tout tester. Je ne maîtrisais pas grand chose mais ce qui était important pour moi c’était de m’amuser, de passer un bon moment en essayant tout et n’importe quoi. Je partais du principe qu’une image ne pouvait pas être posée et forte émotionnellement. Je photographiais donc tout ce qui passait à portée de mon appareil. En séance, je tournais autour du couple ou de la modèle sans trop savoir ce que je cherchais. Je voulais juste capter un instant authentique, un instant volé. Je pouvais photographier un morceau de regard, une partie du visage, des détails, tout, vraiment tout ».
Un instant volé, voilà souvent ce que l’on recherche lorsque l’on démarre la photographie. C’est une bonne chose car on ne sait pas trop quoi photographier et cela permet de ne pas trop culpabiliser d’avoir des lacunes techniques.
Seulement, si on veut progresser, on se forme, on donne un cadre plus marqué à ce que l’on fait et petit à petit on perd de cette fraîcheur des premiers temps.
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MAÎTRISER POUR PROGRESSER
Au bout d’un moment, on se rend donc compte que l’on souhaite mieux maîtriser nos séances, que certaines règles sont importantes à respecter. On s’enferme parfois dans une démarche où l’on oublie totalement notre nature, notre fouge des premiers jours. On cherche à positionner nos modèles parfaitement dans la plus belle des lumières, dans le plus beau des cadres et avec des poses le plus maîtrisées possible. C’est un temps nécessaire pour progresser, c’est certain. En dirigeant d’avantage nous obtenons un résultat plus professionnel. Ceci n’empêche pas de réaliser des photos avec de l’émotion, il suffit pour cela de faire vivre un moment unique au couple, à la famille ou au modèle pendant la séance. Mais ce qui pèche c’est bien nous, notre regard et notre laisser aller. Nous nous enfermons dans un contrôle total de ce que nous faisons. Nous commençons à connaître les poses qui fonctionnent, celles qui nous permettent d’obtenir un résultat satisfaisant. Les choses deviennent faciles.
Seulement, avec le temps, il manque ce petit grain de folie qui donne une dimension encore plus spectaculaire à nos images. Nous pensons qu’une grande partie de ce que nous ressentons passe par le non verbal, par ce qui ne se voit pas consciemment. C’est le cas pour les images que nous montrons. Lorsque l’on maîtrise parfaitement notre sujet il est assez facile de montrer des images de qualité mais nous pouvons ressentir une petite frustration en sachant au fond de nous que tout est plutôt assez maîtrisé. Il est alors temps de redonner un peu de spontanéité à nos images.
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OSER REDEVENIR SPONTANÉ ET SE LAISSER PORTER
Finalement, pourquoi devrait-il y avoir deux photographies, une très spontanée et une autre très posée ? Nous pensons qu’il est possible d’associer les deux avec le temps et que c’est ce qui fera la force des images. Savoir maîtriser tous les éléments techniques tout en se laissant la possibilité de capter un moment unique, un moment spontané. Il suffit finalement de poser le cadre en maîtrisant la lumière, de permettre aux modèles de vivre une réelle expérience et de se laisser porter par l’environnement, par nos sens, notre insouciance.
Pour nous il y a une chose qui est plus importante que tout le reste, c’est d’oser. Oser affronter ses peurs, oser se lancer dans de nouveaux projets, de nouveaux défis. Même s’il s’agit là de bon sens en réalité il peut s’avérer très difficile d’oser. Avec le temps on ose moins, souvent parce que nous y pensons pas ou que la peur de se tromper se fait sentir.
En se laissant porter par le moment, en oubliant un peu le côté technique, qu’il s’agisse des réglages ou des poses souhaités, on retrouve un peu de cette spontanéité perdue. On se rend compte qu’en plus d’avoir des photos réussies techniquement on retrouve cette part en nous d’enfant que nous avons trop longtemps empêché de s’exprimer.
En séance, il suffit de poser le cadre, de permettre aux modèles de s’exprimer pour être le plus naturel possible puis de nous laisser porter. S’approcher, très près, s’éloigner, cadrer avec fougue sans forcément respecter les règles que l’on s’était fixées avec le temps. Il est aussi possible de demander aux personnes de bouger, rapidement, pour nous forcer à plus de spontanéité. En fait il faut laisser un peu notre nature reprendre le dessus. S’imaginer tel un enfant qui découvre un nouveau terrain d’expression.
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EN RÉSUMÉ
Après être passé par un stade de maîtrise totale, il peut s’avérer essentiel de réveiller l’enfant qui sommeille en nous pour obtenir de nouveau des images beaucoup plus originales, au sens propre du terme. La phase durant laquelle nous souhaitons mieux cadrer les choses est essentielle, elle permet de comprendre ce que nous cherchons dans notre photographie et surtout de se rassurer techniquement en progressant dans les domaines du cadrage, de la direction des personnes, etc. Mais il faut assez rapidement s’en détacher pour éviter de toujours faire la même chose et de proposer des images, certes maîtrisées, mais qui manqueront d’un regard neuf. Il faut oser se renouveler et voir le monde comme un enfant.
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L’HISTOIRE D’UNE IMAGE
50mm – f/1.2 – 1/3200s – 100 iso
Baptiste : « J’ai tendance à trop vouloir contrôler mes images, j’aime que tout s’aligne comme je le vois dans ma tête. Comme on l’a vu dans cet article, ça me pose problème parce que des fois j’en viens à perdre la spontanéité de certain moment. C’est pour cette raison que j’aime par dessus tout les séances famille, encore plus quand les enfants sont tout petits et qu’ils sont incontrôlables. Ils m’obligent à sortir de mon cadre, à sortir de mes habitudes, à sortir de ma zone de confort et ça me fait un bien fou ! Pour cette photo d’Elora, elle faisait le monstre avec ses parents, alors je me suis approché et j’ai fait semblant d’avoir peur d’elle. Elle s’est naturellement mise à courir vers moi en me hurlant dessus. J’obtiens grâce à ça une photo très spontanée, pleine de mouvement et de naturel, je crois que c’est là l’essence même de notre mission en tant que photographe. »
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POUR VOUS AIDER À ALLER PLUS LOIN
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Baptiste & Jérémy